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Complot Et Kidnapping

Sans tarder, les hommes ont repris la route, toujours accompagnés d'Angèle qui n'a jamais été plus loin que Longpont-sur6orge et découvre un paysage qu'elle ignore totalement. Les chevaux prennent un galop rapide mais suffisamment tranquille pour les mener loin, sans les épuiser.

Elle ne comprend pas, visiblement le garçon semble avoir décidé de repartir, arrêtant tout ce qu'il avait entrepris avec les mousquetaires, abandonnant ce rêve qu'il semblait poursuivre ; mais ses compagnons n'ont pas cru ce message. Du moins pas son sens. Où la conduisent-ils ? Ils semblent vouloir rattraper le retard qu'ils ont pris sur la route pour rattraper le jeune homme. Cela lui semble totalement impossible.

Elle n'est pas mousquetaire, elle n'a pas l'habitude de voyager autant, aussi longtemps, ni aussi vite. Son cheval ralentit bien avant les coursiers des trois hommes. Elle craint d'être un poids pour eux, mais ils ne semblent pas s'en soucier outre mesure. Ils alternent les temps de monte avec des temps de marche, pour soulager les chevaux et les dos. Une façon simple et efficace de ne pas perdre de temps.

« Vous pensez qu'il a vraiment tout abandonné comme ça sur un coup de tête ? » demande-t-elle à la ronde, ne sachant trop à qui s'adresser précisément.

« Non. Jamais. Il est parfois irréfléchi et impétueux mais jamais stupide ! » lâche Athos qui semble plus soucieux à voir ses rides sur son front.

« Il n'abandonnerait pas. Pas sans une bonne raison » souligne Aramis.

« Pas idiot » se contente de marmonner Porthos.

Angèle baisse la tête, visiblement, les hommes sont furieux, mais elle ne comprend pas. A qui en veulent-ils ? S'ils sont persuadés que leur ami n'est pas parti comme cela, qu'espèrent-ils trouver là où ils vont ? Et d'ailleurs,

« Où allons-nous dans ce cas ? » finit-elle par oser demander

« Lupiac, en Gascogne » répond sobrement Athos qui se referme aussitôt.

Après une courte pause, à l'ombre des bois, et un maigre repas partagé à la hâte, les hommes reprennent leurs montures. Suivis de près par Angèle qui ne veut décidément pas se montrer faible face à leur détermination.

Athos, de son côté, se concentre de son mieux sur la route. Il la connait bien, trop bien. Cette route qu'il a plus d'une fois parcourue pour retrouver cette partie de la famille, demeurée chez eux en Gascogne. Il se revoit, jeune gamin de 12 ans, à peine, accueilli comme un prince par Françoise et Alexandre. Son oncle et sa tante lui avaient accordé la même attention que s'il avait été leur enfant. Il avait passé des jours heureux là-bas. Il n'avait, à cette époque, que peu fait attention à son cousin, un bambin qui n'avait pas grand intérêt à ses yeux alors. Puis d'Artagnan était arrivé à Paris, le cherchant partout. Il était devenu un jeune homme gracile et efflanqué mais qui semblait doté d'une vigueur et d'une fougue qui lui avaient plu immédiatement. Les nouvelles qu'il avait apporté avaient balayé l'insouciance jeunesse d'Athos, sa tante étant décédée d'une mauvaise épidémie qui avait frappé la région et son oncle venant d'être tué au point qu'il lui avait cherché querelle. Mais le temps avait permis de soigner les blessures et de rétablir la vérité. Et maintenant imaginer d'Artagnan tournant bride à tout ceci lui semblait totalement improbable. Pas avec l'entêtement qui caractérisait le jeune homme. Il s'était forcément passé un événement qui l'avait obligé à agir ainsi. Trois jours déjà qu'ils traversent la France vers ce Béarn qu'il ne pensait pas revoir de sitôt.

Des cris ont stoppé net le train de pensées d'Athos, l'obligeant à réagir, instinctivement et à porter la main à son pistolet.

Des tirs venus des bois qu'ils traversent, des deux côtés de la route, arrêtent le petit groupe. Athos chute lourdement de son cheval tandis que ses amis mettent pied à terre plus vite que leur ombre, tirant leurs épées. Aramis se jette en direction du premier adversaire qu'il croise et son épée parvient rapidement à faire lever celle de l'homme qui l'affronte mais d'un coup de feu, Aramis l'abat, la rapière n'ayant servi que de prétexte à éviter la lame adverse. Il se précipite sur le second homme qui suivait de près et le duel fait crier le fer des épées. Porthos dans un cri guttural et sauvage s'est lancé directement sur l'un des hommes et ayant réussi à le désarmer se met à le combattre à mains nues. Une lutte féroce où chaque coup est rendu, les deux hommes étant de corpulence équivalente, aucun ne semble vouloir lâcher prise.

Assommé dans sa chute,Athos ne peut réagir assez vite et voit fondre sur lui une lame, il est perdu. Maisune autre lame vient prendre sa défense, forçant la première à e lever ets'éloigner du mousquetaire. Jetant un œil malgré sa vue brouillée par le choc,il observe Angèle qui a sauté à la suite de ses compagnons et se défend avecune hargne surprenante pour une jeune femme. Elle ne possède qu'une techniquesimple mais qui visiblement est efficace car elle parvient à blesser sonadversaire, la lame tranchant le bras de l'homme qui pousse un cri de surprise.Profitant de cet effet, elle lance son épée pointe en avant et touche le flanc avec suffisamment de force pour que l'homme tombe en arrière dans un dernier râle.

Arrivant jusqu'à elle, Aramis et Porthos observe l'homme à ses pieds et Aramis après un signe rapide de la tête pour marquer son approbation, accompagné d'un sourire admiratif, se rend de suite auprès d'Athos qu'il relève d'une main tout en observant l'épaule trouée de sa veste. Porthos pose ses amins à ses hanches et siffle en regardant tour à tour l'homme puis la jeune femme. Elle sourit, enfin, sa poitrine soulevée par une respiration qu'elle tarde à retrouver, essoufflée. Un combat bref, mais rude, surtout pour elle. Puis la soutenant d'une main ferme, il l'aide à s'asseoir un instant sur le bord de la route pour qu'elle retrouve son souffle et se tourne vers Aramis et Athos.

« Alors ? Mauvais ? » demande-t-il les yeux braqués sur Athos

« Ça ira, la balle a traversé, mais je dois le recoudre » répond rapidement Aramis dont la main est passée sous la chemise pour évaluer les dégâts.

« Nous sommes presqu'au manoir » fait remarquer Athos, plissant les yeux au contact des doigts d'Aramis sur sa blessure.

« La fin de promenade ne va pas être drôle » prévient le médecin de la troupe.

Ils remontent sur les chevaux, mais gardent le pas, tous surveillant de près le corps penché d'Athos sur sa selle, Il s'oblige à tenir mais la douleur se lit sur ses traits. Pourtant lui seul connaît la route qu'il semble suivre.

Puis le manoir apparaît, simple et propre, au détour d'un bois. Une maison dont l'airial est entretenu avec soin cependant.

« Ma cousine devrait nous accueillir. Ou d'Artagnan ! » informe Athos.

Mais nul ne vient à leur rencontre et lorsque les hommes descendent des chevaux, Aramis soutient Athos d'un côté, tandis qu'Angèle se place de l'autre pour aider de son mieux. Porthos conduit les chevaux plus loin, les laissant encore prêts s'il fallait partir. Mais il attrape la trousse d'Aramis dans sa sacoche et rattrape ses amis.

Tous les quatre sont sur le perron, personne ne semble présent.

« Ma cousine laisse une porte ouverte à l'arrière » marmonne Athos dans un dernier effort.

Angèle le lâche et fait le tour de la demeure, et trouve en effet une porte ouverte à l'arrière, qui mène aux cuisines. Bien vite, elle réapparaît à l'entrée et ouvre la porte qui permet aux hommes d'avancer jusqu'au salon où Aramis dépose son ami sur une banquette.

La blessure soignée et recousue par Aramis, avec soin, pour que la cicatrice soit belle, laisse Athos épuisé et tous décident de prendre une nuit de sommeil mérité après les événements.

Mais Porthos brûle de poser la question à Angèle.

« Qui vous a appris à manier l'épée ? »

« Mon père » répond-elle sans sembler vouloir en dire plus. Mais la fierté se lit dans ses yeux.

« Un bon professeur alors »

« Il rêvait d'avoir un fils et n'a eu qu'une fille. Il savait que j'allais être seule à défendre nos terres, il m'a appris le peu que je sais »

« Qui était bien suffisant » objecte Aramis dans un sourire.

Elle baisse la tête, rouge de confusion devant les compliments de ces hommes, qui semblent tellement plus aguerris et sont des soldats.

« Enfin, j'en tremble encore » dit-il en levant sa main.

« Cela vous passera » rassure Porthos dans un sourire dévoilant ses dents, presque carnassier, mais heureux et lui tendant un verre qu'elle hésite à prendre de peur de tout renverser.

Mais la franche camaraderie née de ce combat lui fait se sentir bien avec eux. Ils ne figent pas le fait qu'elle soit une femme, simplement accepte qu'elle sache se défendre. Cela lui fait chaud au cœur.

Le lendemain, Athos semble assez fort pour vouloir repartir. Il n'y a personne au manoir, la piste était un mensonge. Ce qui ne les rassure pas sur le sort de leur frère.

Athos ne veut pas perdre de temps et reprendre les recherches, près de Paris. Dont on a, de toute évidence, voulu les éloigner.

Après avoir remercié chaleureusement Angèle pour sa défense, les quatre compagnons reprennent la route en sens inverse. 

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